Poliomyélite : À Goma dans l'est de la RDC, une caravane motorisée va à la rencontre des communautés

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la poliomyélite (24 octobre), la République démocratique du Congo (RDC) s’est mobilisée pour saluer les efforts visant à faire reculer cette maladie évitable par la vaccination dans le pays. Cet événement a également été l’occasion de réaffirmer l’engagement du pays à protéger chaque enfant, partout, grâce à la vaccination. Le thème retenu cette année « Éradiquer la polio : chaque enfant, un vaccin, partout » — traduit la détermination collective à ne laisser aucun enfant sans cette protection vitale.

À Goma, dans la province du Nord-Kivu, une activité commémorative a été organisée avec l’appui de l’OMS et des partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP), parmi lesquels l’UNICEF, Rotary International, le CDC des États-Unis, Gavi – l’Alliance du Vaccin – ainsi que la Fondation Bill & Melinda Gates.

L'actvité a rassemblé des agents de santé, des autorités locales, des partenaires techniques et financiers, ainsi que le grand public. Un moment clé qui a permis de sensibiliser près de 10 000 personnes grâce à des témoignages, des animations et des séances d’information.

Dre Carine Kikoy et Elvis Mulamba, en charge de la communication sur les risques à l’OMS, échangent autour des supports d’information sur la polio au cours d’une caravane motorisée
WHO/Daniel Paluku
La poliomyélite, souvent appelée polio, est une maladie hautement contagieuse qui touche principalement les enfants de moins de 5 ans. Elle débute généralement par des symptômes tels que la fièvre, la fatigue, les maux de tête, les vomissements, la raideur de la nuque ou encore des douleurs dans les membres. Le virus peut envahir rapidement le système nerveux et provoquer une paralysie en l’espace de quelques heures. Bien qu’elle soit évitable grâce à la vaccination, la polio demeure un problème de santé publique dans certaines régions du monde.

En République démocratique du Congo, les limites du système de vaccination de routine et de la surveillance ont favorisé la circulation des poliovirus variants. En 2025, 1 variant poliovirus de type 1 et 7 de type 2 ont été notifiés dans le pays. La mise en œuvre limitée d’activités dans les zones d’insécurité ou difficiles d’accès a compliqué la détection rapide des cas et la riposte vaccinale. Sur les 139 zones de santé à faible performances pour la surveillance des paralysies flasques aiguës (PFA), 77 % — soit 107 zones — se situaient dans ces zones.
Trois champions de la polio arpentent les marchés et quartiers, comme ici au marché de Birere, pour promouvoir la vaccination et combattre les fausses croyances autour du vaccin contre la poliomyélite
WHO/Daniel Paluku
Face à cette situation, l’OMS a joué un rôle déterminant dans le renforcement du système national de surveillance et de vaccination. Elle a notamment financé et co-organisé la formation de 19 789 agents de santé à tous les niveaux, dans les 26 provinces du pays, afin d’améliorer la sensibilité de la surveillance des PFA — c’est-à-dire la capacité à détecter rapidement toute paralysie pouvant être liée au poliovirus — ainsi que celle d’autres maladies évitables par la vaccination.

Joyce Furaha (35 ans), Innocent Kapili (41 ans) et Maurice Mulongo (29 ans) sont trois mobilisateurs communautaires engagés dans la lutte contre la polio depuis plus d’une dizaine d’années. Ces acteurs motivés sont sur le terrain chaque jour pour atteindre chaque enfant et chaque famille par la sensibilisation et la vaccination.

En cette journée commémorative, ils font partie d’une caravane qui sillonne les quartiers et lieux de rassemblement de la ville de Goma.
Un mobilisateur social se tient dans la caravane de sensibilisation sur la poliomyélite déployée pour cette journée
WHO/Daniel Paluku
Façade de l’unité de triage remise par l’OMS à l’hôpital de Virunga pour améliorer la prise en charge des malades
WHO/Daniel Paluku
Marquée par plusieurs défis géopolitiques, humanitaires et sanitaires, ainsi que des difficultés d’accès aux services de santé, cette province bénéficie néanmoins du soutien de l’OMS et de ses partenaires tels que la Banque mondiale via UG-PDSS, le Ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO), le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) de l’ONU. Un appui clé qui vise à renforcer le système de santé et à garantir un meilleur accès aux soins à ses habitants, vivant majoritairement d’activités agricoles et du commerce.
Désiré Lunyungu, Président du comité de santé de l’aire de santé Muungano la Résurrection (zone de santé Karisimbi), sensibilise dans les marchés et les rues à l’importance de la vaccination contre la polio lors d'un arrêt
WHO/Daniel Paluku
Au cœur de la lutte mondiale contre la poliomyélite, l’OMS coordonne avec ses partenaires les efforts de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP). Elle soutient les stratégies et campagnes de vaccination, renforce la surveillance, assure une réponse rapide en cas d’épidémie et développe les capacités des agents de santé locaux pour mieux informer les communautés sur l’importance de la vaccination, tout en luttant contre la réticence, un des principaux obstacles à l’éradication de la polio.

Désiré Lunyungu (58 ans), relais communautaire, se trouve au marché de Virunga où, il est allé à la rencontre des mamans et papas venus s’approvisionner en vivres frais pour leur famille. « Lorsque je me lève chaque matin, je me dis que si un seul enfant est protégé, alors ma journée aura eu un sens », déclare-t-il avec émotion. « La vraie victoire contre la polio ne se mesure pas en chiffres, mais dans le sourire des enfants que nous protégeons en passant le bon message où cela compte le plus. »
Une vendeuse consulte le flyer remis par un relais communautaire à l'issue d'une causerie éducative
WHO/Daniel Paluku
La Dre Aïcha Diakité, Gestionnaire de l’incident polio au bureau de l’OMS en République démocratique du Congo souligne que « sensibiliser les communautés est essentiel dans la lutte contre la poliomyélite. C’est en renforçant la confiance, l’accès à l’information et la mobilisation de tous que nous pouvons atteindre chaque enfant, même dans les zones les plus reculées. »
La petite Sophie, 3 ans, a pu être rattrapée pour la vaccination contre la polio grâce au travail des moniteurs indépendants à Ngangi 3 (zone de santé de Nyiragongo)
WHO/Daniel Paluku
Les efforts soutenus de l’OMS et des partenaires ont permis au pays de notifier 3 384 cas de paralysie flasque aiguë (PFA) entre janvier et octobre 2025 permettant une investigation rapide des cas de poliovirus et, une réponse sanitaire adéquate. Ainsi, le pays a mené cinq campagnes de vaccination, atteignant plus de 30 millions d’enfants de moins de 5 ans dans l’ensemble des 26 provinces au cours de la même année. Ces interventions s’inscrivent dans une dynamique régionale, qui a permis à 15 pays africains de vacciner près de 200 millions d’enfants au cours de l’année, dans le cadre des cycles de vaccination supplémentaires.

Ces campagnes ont non seulement renforcé la protection des enfants à travers le pays, mais ont aussi ouvert la voie à des stratégies vaccinales plus innovantes et efficaces en conduisant la RDC à introduire en 2025 dans la province de la Tshopo, la co-administration des deux antigènes antipolio : (nVPO2 et VPOb). Cette approche étendue aux 25 autres provinces, réaffirme l’engagement du pays à interrompre définitivement la circulation des poliovirus d’ici 2026.

Avec l’interruption de la transmission du poliovirus sauvage en Afrique en 2020, la RDC a renforcé ses capacités de détection et de riposte. Depuis le début de l’année, 241 prélèvements environnementaux ont été réalisés sur 21 sites actifs, et 01 variant poliovirus de type 1 a détecté. Par ailleurs, grâce à une mobilisation multisectorielle, la RDC a réussi à réduire de 98 % les cas de poliovirus, passant de plus de 500 en 2022 à moins de 10 en 2025.
À Goma, des agents vaccinateurs se rendent au plus près des communautés pour vacciner contre la polio
WHO/Daniel Paluku
L’innovation numérique occupe une place de choix dans cette lutte. En RDC, le programme de paiement mobile a été lancé par le ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale en novembre 2020 et le début des paiements digitaux de masse est intervenu en mai 2022 lors de la campagne de vaccination contre la polio. Depuis, plus de 17 campagnes de vaccination ont utilisé ce mode de paiement touchant plus de 16 000 agents de terrain à la suite des campagnes de vaccination.
À l’Université Libre des Grands Lacs localisé à Goma, Josué Abariki (31 ans), survivant de la polio, partage son témoignage émouvant lors de la Journée mondiale de l’éradication de la poliomyélite
WHO/Daniel Paluku
Pour les populations bénéficiaires, ces actions font une réelle différence. À Goma, Josué Abariki (31 ans), vivant avec un handicap dû à la poliomyélite et participant aux activités commémoratives, se souvient encore des kilomètres que devaient parcourir ses parents à la recherche de l’information et du vaccin dans un contexte de crise comme celui de l’Est. « Avant, nos parents ne savaient pas vers où se diriger et comment se procurer le vaccin », relate-t-il lors de son intervention devant la foule composée de jeunes, parents, autorités locales qui ont répondu présents à l’invitation. « Maintenant, les agents viennent jusqu’à nous, même dans les quartiers difficiles d’accès. Je suis rassuré de savoir que mes enfants seront épargnés de ce que j’ai vécu. »

Informaticien de profession et blogueur, il n’hésite pas à partager son expérience lors d’évènements comme celui-ci. Pour Mwayuma Bintiyuma, étudiante à l’Université Libre des Grands Lacs, les jeunes ont leur contribution à apporter à l'édifice. « Nous avons le devoir de sensibiliser nos amis, nos parents et notre communauté pour que chaque enfant reçoive ce vaccin vital pour un meilleur avenir », affirme-t-elle.

Au cours de cette activité commémorative, selon les données compilées par l’équipe de la commission de communication sur les risques et engagement communautaire du Nord-Kivu, plus de 10 000 personnes ont pu être atteintes par des messages clés dans les lieux de rassemblement de la ville de Goma.
Photo de famille lors de la Journée mondiale de l’éradication de la polio à Goma, aux côtés des universités, autorités sanitaires et partenaires de santé unis pour un avenir sans polio
WHO/Daniel Paluku
Alors que la campagne nationale de vaccination se tient du 27 au 29 novembre, près de 28,5 millions d’enfants congolais âgés de 0 à 59 mois recevront une protection vitale contre la poliomyélite. Avec les autorités nationales, l’OMS, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les communautés locales, poursuivent leurs efforts inlassables pour éradiquer la poliomyélite.
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Marlène Dimegni Bermi

Chargée de communication

Tél : +243 899 330 358

Email: dimegnim [at] who.int (dimegnim[at]who[dot]int)

Eugene Kabambi

Communications Officer

WHO DRC 

Tel : +243 81 715  1697
Office : +47 241 39 027
Email: kabambie [at] who.int (kabambie[at]who[dot]int)